Soutenance Master 2 Recherche : "Sur-vivre sus-pendu à une machine de dialyse dans l'entre-deux des thérapeutiques médicales palliatives"

Soutenu à L'Université Lyon II.
Mémoire Mention Très Bien (18/20).
Directeur de mémoire : Pr. Pascal ROMAN, Tutrice : Nathalie DUMET.
Jury : Pr. Pascal ROMAN (Directeur de recherche), Nathalie DUMET (Lectrice), Christiane JOUBERT (Lectrice) et Alain FERRANT (Rapporteur).
Équipe « Corps et psychopathologie – équilibres-déséquilibres psychosomatiques et cliniques de l’agir ».

Sur-vivre sus-pendu à une machine de dialyse - Sujet de thèse

Le sujet sus-pendu à sa machine de dialyse doit « survivre » aux annonces de la maladie somatique chronique, puis aux « mises en actes » (McDougall, 1982) des thérapeutiques palliatives qui touchent à sa chair : comment se sentir humain (Causeret, 2006) et vivant, encore, avec et dans ce corps, comment « s’adapter à de nouveaux modes de vies extrêmes » (Allilaire, 2002) ? De vitales séances de dialyse s'organisent afin de repousser les « limites entre vie et mort » (Cupa, 2002) : une semaine sans séance suffirait à ce que le sujet meurt (Patte, Wauters, Mignon, 2001), parfois une seule séance selon les apports alimentaires et hydriques du sujet ainsi que l’observance de ce dernier.

Ni tout à fait dans la vie, ni tout à fait dans la mort, ni tout à fait humain, ni tout à fait "inhumain", quel est cet entre-deux ? Comment le sujet, psychosomatique par essence, en est-il arrivé là ?

Par sa maladie somatique chronique et ses séances de dialyse, le sujet se (res)sent comme « pas tout à fait réel » (McDougall, 1983) "non-vivant" (Célérier, 1989), voire "vivant-mort". Ainsi, «peut-être la mort n’est-elle convoquée que pour être mieux circonscrite, apprivoisée, et peut-être là même déjouée ? », il s’agirait pour le sujet malade somatiquement et dialysé « de faire le mort pour éviter la mort. » (Bernateau, 2004).
Le sujet porteur d’une maladie somatique pourrait en effet tenter par celle-ci, et ce en particulier dans l’insuffisance rénale chronique, par ce que cette chronicité et ces thérapeutiques palliatives impliquent, « une "simulation" de la mort pour se protéger de la mort » (Fédida, 1976). Il s’agirait ainsi de « mimes mortifères » que les thérapeutiques, et pas seulement elles, notamment les traumatismes vécus par le sujet, répètent inlassablement pour ce dernier.