La sollicitude du professionnel en lieu
d’accueil de la solitude des parents et du bébé : quel espace psychique en
crèche ? - Présentation en Atelier
Delfini Béatrice (b, d), Jean-Dit-Pannel Romuald (a, c, d),
Michel Céline (a), Nachin Anne (a), Sarrey Astrid (a).
(a) Psychologues et (b) psychanalyste en crèche à
Besançon, (c) Doctorant en Psychopathologie, Université de Nanterre, LASI,
Chargé de cours à l’Université de Franche-Comté, (d) orateurs.
Résumé (300 à 500 mots) :
La
nymphe Écho, allégorie du phénomène naturel, recherchait la solitude et fuyait
les Dieux et les Hommes. Depuis, cachée dans l'épaisseur des forêts, la voix
d'Écho répond toujours à la voix qui l'appelle.
Invisible,
ses échos ne sont plus que les sons qui vivent encore en elle, condamnée à
répéter, car « personne n’a jamais été [l’]écho d’Écho » (Lafond,
1991).
Psychologues, psychanalyste
travaillant en crèches, nous observons différentes solitudes, différentes
désolations (Klein, 1963 ; Gutton, 2005), lesquelles s’échoïsent : celles
des bébés, des familles et des professionnels de la petite enfance.
Parents, professionnels, bébés,
quelles défenses et/ou quelles créativités se mobilisent en nous, notamment par
ces perpétuelles répétitions d'arrivées et de départs, sièges d'indicibles
solitudes parfois ? Comment la solitude « apprivoisée » du
psychologue en crèche vient-elle en lieu d'accueil des angoisses éprouvées par
le bébé, les parents et les professionnels lors des séparations ?
De la solitude « qui
détruit » (Dolto, 1994) à « la portance » (Quinodoz, 2003), nous
discuterons de ce qui est à l'œuvre dans ce qui se supporte de la traversée des
angoisses, afin que chaque sujet se constitue « une identité qui permette
le lien, la créativité » (Winnicott, 1969).
En
échos à cela, rappelons ce dialogue entre le renard et le petit prince
(St-Exupéry, 1943) :
« - Adieu, dit le renard. Voici mon
secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est
invisible pour les yeux.
-
L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se
souvenir.
-
C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-
C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se
souvenir.
-
Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas
l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu
es responsable de ta rose...
-
Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se
souvenir. »
Est-ce dans ces temps de séparations,
tel le renard et le petit prince, où la perte se fait jour, que le psychologue
a à être, afin de ne pas laisser se perdre le langage du bébé, de ses parents,
des professionnels, telle la voix errante d'Écho ?
Aussi, comment sup-porter le fait de
ne pas être sollicité, de ne pas recueillir d’écho par les familles et les différents
professionnels des crèches, alors que certains voire tous les signaux sont
montrés, se répètent, aux dépends d’enfants(-« roses ») ? Comment
accueillir « ceux qui souffrent trop pour pouvoir s’adresser à un
autre » (Mellier, 2005) ?
À
plusieurs pensées, à plusieurs voix, nous proposerons nos réflexions théoriques
et pratiques, issues d’un groupe de travail que nous avons constitué.
Mots clefs (5) : Crèche
– sollicitude – désolation – capacité d’être seul – portance.