7è Congrès Européen de l’AEPEA, co-organisé avec la Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale Bruxelles, 8-10 mai 2014, Au Centre Culturel de Woluwé-St-Pierre, Corps à corps Souffrances du corps et travail psychique chez le bébé, l’enfant, l’adolescent, la famille et les soignants

Argument

Le corps, source et espace potentiel de l’existence individuelle, est tout à la fois la part la plus intime, la plus exposée, et la moins contrôlable de ce qui constitue l’identité personnelle. Entre le corps biologique, soumis aux lois qui gouvernent le vivant, le corps psychique, maître et outil du devenir soi, et le corps social, objet des passions humaines, des interactions complexes s’établissent qui dessinent les lignes mouvantes du normal et du pathologique, de la santé et de la maladie, du plaisir et de la douleur, de l’amour et de la haine, de la liberté et de l’aliénation, de la vie et de la mort.
Le corps, en tant que concept limite entre somatique et psychique, ne se laisse enfermer dans aucune de ces dialectiques. La difficulté de penser et surtout d’articuler ses différentes dimensions, entre organe, image et sensation, rend peut-être compte de la relative discrétion du corps dans les réflexions pluridisciplinaires.
Le corps du bébé, de l’enfant, de l’adolescent, incarne les enjeux des processus de développement psychomoteur, de construction identitaire, d’intégration de la psychosexualité, d’appropriation sociale ; ce corps se trouve ainsi profondément, et diversement, affecté : fondamentalement, en ce que les « affects », émotions et sentiments, naissent dans sa sensibilité, en même temps qu’il est investi dans l’affection, par nature ambivalente et angoissée, des parents ; nécessairement, car c’est avec ce corps que se joue l’aventure de la vie, que se constitue l’expérience des déceptions et des succès, petits et grands, ce qu’on appelle grandir ; accidentellement, chaque fois que ses anomalies, ses dysfonctionnements, ses défaillances, ses blessures, ses maladies, en un mot ses « affections », et les soins dont elles sont l’objet, inscrivent leur marque dans les rapports de l’enfant à son corps, à autrui et aux institutions sociales.

Présentation orale en Atelier : 
Dialyse péritonéale et hospitalisations lors de l’entrée dans l’adolescence
L’entrée dans l’adolescence, « maladie nécessaire » selon Gutton, peut s’avérer particulièrement éprouvante pour une enfant de onze ans qui a subit des hospitalisations et des traitements médicaux suite à une insuffisance rénale chronique.
Je rendrai compte du suivi de Justine, adressée à moi par son néphro-pédiatre pour des difficultés de comportement et d’observance.

Ses dessins d’elle-même – une souris à la queue-cathéter dans le ventre –, de sa famille – sur lequel elle ne figure plus dans un temps resté figé à celui d’une longue hospitalisation – et rendant compte de préoccupations quant à l’intériorité de son corps seront discutés.
Insuffisance rénale ; Hospitalisation ; Dialyse Péritonéale ; Cathéter ; Observance. 

Présentation d'un poster, avec présentation orale : 
"Le travail de l'hypocondrie chez l'enfant dont la mère est atteinte d'un cancer", partie "intégration psyché-soma" (présidée par Mme Claire Van Pevenage et Mr Michel Cailliau)

Journée d'Etudes Doctorales du PCPP (ex LPCP) - 25 janvier 2014 - Honte et culpabilité


 « Honte et culpabilité chez le sujet insuffisant rénal chronique et (hémo)dialysé : enjeux de transmissions génétiques »
 « S’il n’y avait que la maladie à soigner, ce serait plus simple pour tout le monde. Mais le malade parle et ce qu’il dit dérange l’ordonnancement des soins ; il parle ou a peur de parler, peur de sa propre parole étouffée par la maladie. Il a honte, il souffre, n’est pas docile (compliant) ; il voudrait mourir là où tout est fait pour qu’il vive ! (...) Comment rester vivant jusqu’à la fin ? Comment faire pour que cette expérience vitale ne soit pas escamotée ? Comment lutter pour que le soin, la technique, la médecine, l’hôpital ne dépossèdent pas le malade de sa maladie et de sa mort ? » (Marty, 2007, p.16)

Les sujets en insuffisance rénale chronique sont confrontés par l’hémodialyse à une dépendance absolue par laquelle leur sentiment d’existence est mis en danger. 
Risque extrême, c’est le trou noir, vécu d’annihilation, l’agonie primitive.

En hémodialyse, les sujets traités trois fois par semaine peuvent être tentés de mettre leurs pensées en quarantaine, afin de ne pas être pénétrés violemment, intrusés par leurs vécus liés à la maladie somatique et ses thérapeutiques médicales palliatives rappelant indéniablement moins l’angoisse de mort, issue le plus souvent d’une conscience de culpabilité, que l’angoisse d’anéantissement.
Aussi, le caractère génétique de la maladie rénale, comme ce peut être le cas par exemple avec la polykystose rénale ou le syndrome d’Alport, peut renforcer des éprouvés de honte, lorsque le sujet se sait lui-même porteur de la maladie somatique génétique, et de culpabilité, car potentiellement transmetteur de cette même maladie.

Mots-clefs (4) : Maladie somatique génétique ; transmission génétique ; insuffisance rénale chronique ; dialyse.